Engageant son cycle théâtral sur l’homme blanc et la femme blanche de plus de cinquante ans à l’entrée des temps post-démocratiques, Dominique Pitoiset tire un premier portrait métaphorique de l’état des choses en mettant en scène le texte que l’auteur et réalisateur de talent Xavier Durringer a écrit spécialement pour l’actrice Nadia Fabrizio.
Un seul en scène qui traverse trente ans de l’histoire mythique de Pigalle, haut lieu des différences et des misères refoulées entre néons, chair fraîche et cafards, au son des tubes qui jalonnent les époques et les films vintage. Laissez-vous tenter ! L’urgence que procure la vision soudaine du précipice peut s’avérer également cocasse.
No country for old women
Bianca vient de recevoir un terrible coup sur la tête. Elle vient d’apprendre qu’elle doit vider son casier et quitter brutalement l’emploi qu’elle occupe depuis trente deux ans. Elle cherche à comprendre, mais elle sait que la nouvelle génération la pousse dans le dos. Elle n’est plus rentable et face à cette nouvelle réalité, elle réalise qu’elle n’a rien construit en dehors, rien préparé pour après.
Elle est entrée comme stripteaseuse à Pigalle au peep-show A Love Suprême à la fin des années quatre-vingt, en pleines années sida. Après des études de danse classique et de comédie, c’est le seul emploi qui se présentait à cette punkette de province pour tenter sa chance et passer des castings à Paris. Mais le temps à passé. Internet a pris le marché du sexe. Elle s’est trouvée piégée par le monde de la nuit et ses illusions jusqu’à en perdre son identité. Mais dans les mondes virtuels, les avatars ne vieillissent pas, et quand le fessier se fripe il faut laisser la place à d’autres nouvelles candidates prêtes à tout pour se faire une place autour de la barre de pole dance. Un combat commence. Car c’est un combat de femme que de vieillir et d’accepter de vieillir.
Et l’amour dans tout ça ? Par ici la sortie. Noir. Rideau.
Dominique Pitoiset, Septembre 2018