Bruno Geslin nous embarque à la découverte de Chroma, la dernière œuvre du cinéaste Derek Jarman, qui sonne comme une ode à la vie. Un spectacle où le montage visuel, sonore et scénique relève du grand art.
Écrivain, cinéaste, peintre, jardinier, activiste, Derek Jarman entretenait un rapport d’une densité exceptionnelle avec la couleur. Atteint du sida et peu à peu gagné par la cécité, il réagit à cette dégradation par un surcroît d’investissement poétique qui fait chanter l’univers par sa palette chromatique. Jarman mourra en 1994, au cœur de ces années où le sida faisait des ravages. Derek Jarman est aujourd’hui considéré comme l’un des artistes les plus importants de la scène britannique alternative. Les souvenirs personnels côtoient les récits de sa vie à l’hôpital, de ses sensations, ou de ses réflexions sur l’art et sur la vie. Il décrit amoureusement les saisons de son jardin domestique, agite les noirs relents de nuits d’errance sexuelle, s’embrase de rouges colères politiques. Bruno Geslin, artiste pluriel et inclassable, a toujours eu le goût pour les aventures singulières. Il rend ici hommage à la fougue et la créativité débordante de Derek Jarman. Drôle, élégant, excentrique, à l’image de son sujet, le spectacle fait se rencontrer la danse, le jeu, le texte, la vidéo, la musique. Bruno Geslin s’entoure d’une équipe de trois magnifiques interprètes et deux musiciens. Chroma est un spectacle extrême, rare, où la couleur vient d’abord par les mots.