Sous l’orme est l’itinéraire intérieur d’un jeune homme projetant de commettre une action violente au nom d’un dieu obscur : l’Ogre. Porteur d’un grand dégoût de la vie, qu’il juge indigne et fausse, le protagoniste va chercher son salut dans un projet mortifère de « fuite vers le haut », alimenté par la croyance en une renaissance par la mort de soi et des autres. Dans un chassé-croisé labyrinthique, les pensées du protagoniste révèlent l’isolement du sujet, la croyance aux complots, l’affolement du désir autant que la terreur du féminin, la haine de soi renversée en haine radicale de l’autre, la rencontre avec « l’offre radicale ».
C’est dans une langue d’une grande force poétique que Charly Breton aborde cette figure contemporaine du nihilisme. Sa mise en scène déploie un long plan-séquence dans lequel son, lumière et vidéo dessinent un univers réverbérant où se reflète l’espace mental du jeune homme. Une brèche ouverte sur un espace-temps qui conjugue son présent fantasmé et un passé, avec cet étang gelé sous l’orme, dans l’hiver de son enfance, duquel il n’est jamais véritablement revenu.