Après le mémorable Trauernacht, nous retrouvons Katie Mitchell avec une adaptation de La Maladie de la mort, œuvre singulière de Marguerite Duras. Un spectacle cheminant avec une fluidité rare entre théâtre et vidéo.
Le roman raconte l’histoire d’un homme qui paie une femme pour passer plusieurs semaines avec lui dans une chambre d’hôtel, face à la mer. Elle lui rend visite la nuit ; lui la regarde dormir, la touche, puis dort et pleure à ses côtés ; elle lui pose des questions auxquelles il ne répond que brièvement. Les personnages parlent peu : l’histoire est racontée par une narratrice – incarnée par Irène Jacob – installée dans une boîte en verre, visible du public. La Maladie de la mort est un thriller psychologique où sourd une fascinante étrangeté, admirablement traduite sur le plateau grâce au dispositif imaginé par Katie Mitchell : trois caméras filment simultanément les acteurs, et ces images, montées en direct, sont projetées sur un écran, accentuant ainsi le vertige entre le vrai et le vraisemblable, entre la réalité et la fiction. La représentation et le film dessinent alors un double mouvement esquissant les lignes souterraines de cette relation trouble et révélant la tension à l’œuvre entre l’homme et la femme, prémices d’une inexorable séparation.