Le Théâtre Vidy accompagne à nouveau le metteur en scène, réalisateur et romancier Christophe Honoré, trois ans après le succès de Les Idoles (2018). Le Ciel de Nantes raconte le destin de sa famille sur trois générations et tresse ensemble théâtre, cinéma et biographie pour donner un récit pluriel, sensible et lumineux, de l’histoire familiale et de ce qui se transmet sans se comprendre.
De quoi peut-on hériter quand il n’y a comme patrimoine rien d’autre que des vies détruites? Comment sauver sa peau sans avoir le sentiment de trahir les siens? Dans un cinéma qui semble abandonné, la grand-mère de Christophe Honoré, Mémé Kiki, retrouve certain·e·s de ces dix enfants. Il y a aussi le père Puig, son second mari, banni pourtant depuis des années. Ils et elles sont réuni·e·s parce qu’un de leurs petits-enfants, celui qui fait du cinéma, celui qui ne vit plus dans le même monde qu’eux et elles, a quelque chose à leur dire. Il a imaginé un film pour raconter leur histoire commune – un film que le cinéaste avait en effet écrit mais qu’il ne s’est jamais résolu à tourner.
Le film imaginaire est l’occasion d’une dernière réunion de famille réunissant les vivant·e·s et les mort·e·s. Christophe Honoré compose le récit de leur histoire commune à travers leurs dialogues contradictoires. Les personnages de sa famille sont incarné·e·s par des acteurs·rices, et des séquences filmées reconstituent ses souvenirs. Ainsi s’esquisse la destinée d’une famille de la classe populaire sur cinq décennies, ses amours, ses désillusions, ses blessures. Le dialogue théâtral et le récit cinématographique, la parole au présent du théâtre et la force d’évocation du cinéma parviennent ensemble à restituer l’empreinte du lien familial par-delà les années. Ainsi Le Ciel de Nantes décrit avec tendresse et humour le futur des histoires d’où nous venons et qui ne sont plus les nôtres.