Savez-vous que l’expression tenir la chandelle vient d’une stratégie galante bien connue au 19e siècle ? Une épouse feint d’aimer un inconnu pour mieux détourner les regards de son véritable amant. Il n’en fallait pas plus pour que Musset n’en fasse le sujet d’une comédie cruelle – Le Chandelier. Mais la chandelle brûle parfois la main qui la tient et la belle Jacqueline l’apprendra à ses dépens : l’amour transi du jeune Fortunio finira par toucher au cœur celle qui croyait pouvoir l’utiliser à ses fins.
En 1907, André Messager, personnalité majeure de la vie musicale française, adapte la pièce en une comédie lyrique dont il dirige la création. Avec un goût du divertissement propre à la Belle Époque, il compose pour ce Fortunio une musique qui, sous son apparente légèreté, ne manque ni de profondeur ni de fantaisie.
Comédien, metteur en scène, figure emblématique de la Comédie-Française, Denis Podalydès a une connaissance intime du théâtre de Musset : sous l’humour et l’ironie, sous l’esprit brillant qui forçait l’admiration du Tout-Paris, il sait percer à jour la mélancolie de l’auteur de La Confession d’un enfant du siècle. Cette mélancolie qui parle si bien à notre temps. Créé en 2009 salle Favart, repris en 2019 avec le même succès, son Fortunio, qui a contribué à la redécouverte de l’œuvre injustement oubliée, est aujourd’hui considéré comme un spectacle de référence.