Le théâtre peut-il sauver la mémoire de tragédies oubliées ? Et peut-il nous aider à y trouver un sens ? Dans Reporters de guerre, pièce documentaire, Sébastien Foucault invite sur scène des acteurs et témoins de l’époque pour questionner ensemble la mémoire des guerres de Croatie et de Bosnie.
Vingt-cinq ans après le siège de Sarajevo, après les massacres de Srebrenica et de Tuzla qui convoquèrent les médias du monde entier au cœur d’une Europe déchirée, que reste-t-il dans nos mémoires des guerres d’ex-Yougoslavie ? Longtemps compagnon de route du metteur en scène suisse Milo Rau, chef de file du théâtre du réel, le comédien belge Sébastien Foucault prend à son tour les rênes du théâtre documentaire pour questionner la représentation à l’endroit de la violence. Pourquoi et comment représenter la douleur de l’autre ? Pourquoi et comment invoquer des mémoires meurtries ? Taraudé par ces questions, Sébastien Foucault a rencontré des reporters qui ont couvert ces guerres. Il a mené l’enquête à Sarajevo et à Zagreb, avant d’y retourner avec Françoise Wallemacq, journaliste à la RTBF, sur les traces de ses anciens reportages. C’est elle que nous découvrons sur scène aux côtés de Vedrana Božinović, journaliste bosnienne devenue actrice, de Nikša Kušelj, acteur croate rescapé du siège de Dubrovnik, et de Michel Villée, attaché de presse dans l’humanitaire devenu marionnettiste. Ensemble, ils transforment d’anciens reportages en objets artistiques, autant de « symboles pragmatiques » selon Sébastien Foucault. Acteurs et témoins de l’époque, ils ravivent les traces d’un passé enfoui pour inviter à lutter contre l’oubli.