Ce qui ne devait être qu’un projet éphémère est devenu une aventure nomade au long cours pour Bouchra Ouizguen. Performance déjà montrée à Bruxelles, Hambourg et Beyrouth depuis sa création à Marrakech, Corbeaux est aujourd’hui présenté dans cinq lieux franciliens, dont le Centre Pompidou. Pour cette série de représentations, de nouvelles participantes rejoignent le noyau de performeuses habituées à collaborer avec la chorégraphe. La phase préparatoire de ce projet suffit à donner un aperçu de l’esprit du projet : construire une performance comme une sculpture vivante, intime et universelle, spontanée et sincère, fragile et puissante. Ce ne sont ainsi pas des répétitions auxquelles assistent les femmes « Corbeaux » mais des ateliers, permettant la rencontre et la transmission entre les cultures de chacune.
Du dialogue faire naître le cri : dans le Forum du Centre Pompidou, cette horde de femmes vêtues de noir se déploie en silence avant de faire disparaître l’espace et le temps par leurs cris. Puisant dans la littérature perse du 9e au 12e siècles, Bouchra Ouizguen s’intéresse à cette époque où le fou et sa parole libre et sage trouvaient une place dans la société. Les souvenirs de longues nuits de transe affleurent aussi à la surface de ces corps chargés depuis l’enfance des rituels « Issawa » et « Hmadcha ».