Olivia Grandville manifeste de l’intérêt pour les correspondances entre les arts, entre le verbe et le geste. Le Cabaret discrépant est un clin d’œil au Cabaret Voltaire, l’emblématique repère zurichois d’Hugo Ball et consorts. De ce haut-lieu artistique, Olivia Grandville garde l’esprit politique, subversif et potache. Elle l’associe dans ce travail à un autre courant artistique et radical, le lettrisme d’Isidore Isou, créé en 1946. C’est d’ailleurs La Danse et le Mime ciselants de Maurice Lemaître qui sert de point de départ à cette pièce pour six interprètes.
En latin, discrepantia désigne une simultanéité d’éléments, de sons, de sensations, d’opinions qui produisent un effet de dissonance, de discordance. Cette définition éclaire le protocole caractéristique du lettrisme, qui comme le résumait Isou souhaite « rendre compréhensible et palpable l’incompréhensible et le vague ; concrétiser le silence ; écrire les riens ». Danse contemporaine et lettrisme, même combat ? Olivia Grandville revisite les propositions du mouvement lettriste en matière de danse. Au-delà de ces deux seuls mouvements, c’est en geste et paroles qu’Olivia Grandville s’amuse aussi de Fluxus, du Black Mountain College, de la post modern dance, de la musique concrète.