En langue samoan, Tusitala signifie : celle qui raconte des histoires. Belle définition pour un spectacle où la chorégraphe Marie-Geneviève Massé entreprend de raconter « son » baroque. Celui des maîtres à danser Louis-Guilaume Pécour et Raoul Feuillet, des compositeurs Lully, Gluck ou Vivaldi, et celui qu’elle recrée avec une palette de mouvements et de couleurs pour réinventer, après Les Folies françaises de Couperin, sa propre musique des sentiments. Tandis que Tusitala, interprétée par une comédienne, convoque sur la toile vierge du sol la symbolique des couleurs, cinq danseurs et deux instrumentistes prolongent son récit en notes et en gestes. Aux musiques enregistrées ou interprétées en direct, répondent des pas baroques et contemporains exprimant l’amour, la ruse ou l’espérance. Véritable fresque picturale et chorégraphique, Tusitala ne se limite pas aux codes couleurs du passé. En n’hésitant pas à accoler au rouge passion la violence des révolutions, ou au noir du deuil l’élégance moderne d’un homme d’affaires, la pièce illustre pleinement l’ambition de son autrice : mettre les formes du répertoire, sans dénaturer leur essence, en connexion avec notre présent.
Isabelle Calabre