Le pouf, c’est cette extravagante perruque mise un temps à la mode par Rose Bertin, toute puissante couturière de la reine Marie-Antoinette. Soit un échafaudage de cheveux, rubans, fleurs et accessoires en tous genres – y compris des animaux empaillés ! – qui avaient parfois pour mission de symboliser l’humeur de celles qui les arboraient, d’où leur appellation de « pouf aux sentiments ». Rapprochant ces couvre-chefs improbables de leur propre travail de plasticiens, mais aussi des ballets burlesques du XVIIe siècle, avec leurs costumes aux spectaculaires protubérances, le couple Clédat & Petitpierre a conçu une décoiffante rêverie autour de l’amour. Entre les vraisfaux buis taillés d’un jardin à la française, les danseurs Ruth Childs et Sylvain Prunenec, coiffés de poufs immaculés et monumentaux, sont les protagonistes d’un théâtre amoureux régi par les codes de la célèbre carte du Tendre. S’invente ainsi, à mi-chemin entre danse baroque et expression figurée des sentiments, un surprenant langage du corps, délicat et délirant.
Isabelle Calabre