Mary Lou Williams fut l’une des figures clés de la scène jazz américaine de l’après-guerre mais ses compositions sont tombées dans l’oubli. Pierre-Antoine Badaroux et le Umlaut Chamber Orchestra ressuscitent son œuvre majeure.
Elle fut la mentore de Thelonious Monk comme de Dizzy Gillespie après guerre, écrivit pour Duke Ellington et Benny Goodman et collaborait encore avec Cecil Taylor et Buster Williams dans les dernières années de sa vie. Compositrice, pianiste et arrangeuse passionnante, Mary Lou Williams (1910 – 1981) fut l’une des très rares femmes du jazz américain à s’imposer hors du chant. Une réussite qui garde cependant un goût d’inachevé car la postérité n’a pas retenu son nom à la mesure de ceux qu’elle inspira. Parmi les origines de cet oubli, une expérience malheureuse, celle de la présentation en 1945, au Town Hall de New York, de son œuvre la plus ambitieuse, Zodiac Suite, dont les douze mouvements pour orchestre sont attribués aux signes astro, et dédiés à de grandes personnalités qui les incarnent – le Duke, mais aussi Franklin Delano Roosevelt. D’une complexité technique très au-delà des conventions de l’époque, la pièce fut sabordée par des répétitions trop courtes et le public passa à côté de sa nouveauté. Elle triomphe aujourd’hui avec Pierre-Antoine Badaroux et le Umlaut Chamber Orchestra.