Lorsque Bellini décide de mettre en musique l’histoire de Roméo et Juliette, son librettiste Romani opère un retour aux sources en adaptant non la pièce de Shakespeare mais la nouvelle de Matteo Bandello qui l’a inspirée. Qu’on se rassure cependant, il s’agit bien de la légende des amants de Vérone et l’on retrouve dans Les Capulet et les Montaigu tout ce qui fait son sel : les conseils de guerre à l’aube, les rendez-vous la nuit entre amants, la visite de Roméo au tombeau de Juliette et le quiproquo funeste qui s’ensuit…
Bellini croyait au pouvoir de la mélodie sur l’âme humaine et il donne avec cet opéra la pleine mesure de son talent. Les Capulet et les Montaigu touche souvent au sublime et des moments d’anthologie tels que le chant de Juliette promise à Tebaldo, qui va à l’autel comme à l’échafaud, font assurément partie des sommets du bel canto.
Pınar Karabulut a conquis la critique par son univers aux couleurs explosives et sa capacité à travailler des figures féminines puissantes et complexes. Bellini a écrit le rôle de Roméo pour une mezzo et la metteuse en scène allemande choisit de ne pas la maquiller en homme : elle transforme ainsi la convention en force. En compagnie des incroyables Yaritza Véliz et de Julie Boulianne, elle porte haut ce drame de l’amour et de la jeunesse aux prises avec le vieux monde.