« On est bien peu de chose, mon ami·e
On est bien peu de chose, et la roue tourne, l’inéluctable fuite, le si prévisible précipice… On est bien peu de chose, la fleur à la main, l’utopie chancelante, les absolus désuets. On est bien peu de chose, quand ça s’efface, la marge ou quand ça rogne, le crayon. On est bien peu de chose, quand la terre décatie, quand les âmes brisent.
À quoi bon demeurer coi ? Restons plutôt bien narquois ! Coi ? Narquois ?
Comme deux visages en un, opérons notre transformation, dressons nos apparats, retrouvons des couleurs, de belles et chaudes cette fois-ci. Faisons le signe, prenons langue, chauffons la voix et nos membres…
Relayons l’appel, retrouvons nos proches, resserrons les liens. Et nos lointains alors ? Invitons-les, pardi ! Ouvrons les routes et les chemins… Plus de frontières, y en a marre, surtout pas de colère, y en a trop, et la peur, conjurons !
Voilà, conjurons les mauvais sorts ! Conjurons toutes et tous ensemble, ici, à Aurillac. Point de fatalité, éprouvons nos espoirs ! Convergeons et retrouvons nos communs, libérons nos esprits, ouvrons nos bras et menons la danse.
Quitte à danser sur un volcan, allons-y gaiement, comme depuis presque quarante ans, comme depuis la nuit des temps.
Le Festival d’Aurillac, c’est une épopée, un grand récit qui se renouvelle chaque été. C’est une voie qui s’invente en complicité, c’est une multitude de rencontres à l’air libre, sensibles ou intrépides. C’est une invitation faite à des artistes de tous horizons, même les plus lointains.
Le Festival d’Aurillac, c’est un évènement unique au monde, qui brave l’adversité avec résolution, avec toutes et tous ses acolytes, aussi distincts les un·es que les autres, aussi représentatifs de notre époque et de notre belle humanité.
Et on verra bien si, par milliers ou par dizaine de milliers, nous sommes toujours si peu de choses. »
Frédéric Remy
Directeur d’ÉCLAT