Une mise en scène ambitieuse confronte l’hymne à la tolérance de Nathan le Sage de Lessing, classique de la littérature allemande, à des textes de Elfriede Jelinek sur le terrorisme contemporain. Un dialogue sans concession entre hier et aujourd’hui et un questionnement indispensable, troublant mais vivifiant, hors des idées reçues et du politiquement correct.
L’intolérance religieuse et les guerres qui en découlent traversent les siècles avec une régularité effrayante. Les trois religions monothéistes, en revendiquant chacune un seul vrai dieu, n’ont cessé de créer des prosélytes persuadés que leur salut éternel viendrait de l’extermination des prosélytes concurrents. Face à ces combattants de la haine, des voix se sont élevées, dont celle de Lessing, emblématique disciple de la philosophie des Lumières en Allemagne.
Avec Nathan le Sage, il fait entendre un message de tolérance qui a traversé les siècles. Mais le monde a changé depuis 1779 et il ne paraissait plus possible à Nicolas Stemann de ne pas faire entendre en écho une parole d’aujourd’hui, celle de Elfriede Jelinek, grande voix du théâtre allemand contemporain pour construire cette aventure théâtrale qui bouscule les codes de représentation tout autant que le confort d’un discours lénifiant trop souvent
inefficace.