Pour son entrée au théâtre, l’artiste plasticienne cubaine Tania Bruguera met en scène Fin de partie de Samuel Beckett, un texte qui, comme elle l’écrit, traite des dynamiques de pouvoir à l’œuvre dans nos vies quotidiennes. Dans cette pièce en un acte, les relations entre dominants et dominés varient et se répètent inlassablement, si bien qu’il est impossible de deviner qui asservit réellement l’autre. La relation entre Hamm (le maître infirme) et Clov (le serviteur) peut se lire de mille manières. On y voit tour à tour un père et un fils, un maître et un esclave, un patron et un employé, un privilégié et un défavorisé, une femme battue et son agresseur, deux amants… C’est bien l’infini des possibilités qui intéresse Tania Bruguera, autant que la manière dont chaque lecteur et spectateur va se positionner face à cette pièce. Pour cela, elle a imaginé un dispositif théâtral unique: un grand cylindre, haut de 8,5 mètres et entouré d’une forêt d’échafaudages, sur lesquels les spectateurs sont installés debout, chacun regardant le spectacle qui se joue dans l’arène en contrebas. Pour cette artiste plasticienne qui n’a eu de cesse de placer son travail à la croisée de l’activisme, de l’engagement citoyen et de l’exigence artistique, Beckett permet d’aborder la complexité des relations de dépendance et de prendre sa revanche sur les dictateurs. «Un appel à nous souvenir de la manière dont nous pouvons contrôler notre serviteur et notre dictateur intérieurs.»
avec le Festival d’Automne à Paris
avec le soutien de la Fondation d’entreprise Hermès dans le cadre de son programme «New Settings»