Périclès est l’une des pièces les plus étranges et les plus déchirantes de l’oeuvre de Shakespeare. Naufragé dans la Méditerranée, il navigue dans une orageuse mer de pirates, de magiciens, de maisons closes, de ravisseurs, de tournois, de complots contre sa vie lorsqu’advient une intervention divine de la déesse Diana. L’inceste, la trahison, le meurtre, l’amour, la joie résonnent dans ce grand feu d’artifice théâtral… A la lumière tamisée de ses braises, survient l’une des scènes les plus émouvantes de Shakespeare lorsque Périclès retrouve sa fille Marina, perdue depuis si longtemps.
Après nous avoir magnifiquement embarqués dans son Conte d’hiver, Declan Donnellan crée Périclès, autre chef-d’œuvre de Shakespeare, distribué cette fois en français.
Jouant de toutes les émotions immémoriales, Declan Donnellan dirige ses comédiens avec une attention rare, tout en maîtrise et en fluidité.
Si de pièce en pièce, le metteur en scène britannique va vers l’épure et la simplicité, il est un faiseur d’images incontesté qui nous transporte et nous laisse toujours ébahis. Avec la Méditerranée arpentée par Périclès, on retrouve la figure récurrente de la mer tourmentée où la poésie de Shakespeare va faire son œuvre, alternant images troublantes, fortes et simples tout à la fois.
Inséparable du travail de Declan Donnellan, la scénographie de Nick Ormerod, permet tous les travellings possibles : des cadrages les plus intimes aux perspectives les plus générales mais surtout laisse libre cours aux jeux de métamorphoses et à la magie. Comment seront imaginées les apparitions successives du voyage halluciné de Périclès ? Comme à chaque fois, le temps devra faire son office avant que ne reviennent le bonheur et les retrouvailles, avant que se dissipent les mauvais songes.