Une farandole contestataire et burlesque pour enrayer la « fabrique du consentement ».
Maguy Marin persiste et signe : « Le monde ancien qui avait la croyance en un progrès social qui libérerait l’homme de son exploitation par d’autres hommes est mort pour laisser place à un monde régi par les rythmes des flux financiers avec lesquels le politique s’est associé pour le transformer au profit de quelques-uns par l’assujettissement de tous. » Qu’y peut la danse ? À rebours du visage grimaçant d’un monde « dynamique », « sympa », « jeune », « citoyen », « ouvert », qui est le masque de la peur de vieillir, de l’angoisse refoulée et d’un vide existentiel, la chorégraphe imagine d’autres farandoles, d’autres carmagnoles.
Quand bien-même face à la catastrophe, l’inaliénable burlesque d’un Buster Keaton ou d’un Charlie Chaplin vient dérégler l’ordinaire des arrangements et des accoutumances, dans une pièce pour dix interprètes, grain de sable qui voudrait enrayer les rouages de la « fabrique du consentement » et du « contrôle invisible » qu’elle exerce sur les mentalités collectives.
Jean Marc Adolphe