En 2018, Nanterre-Amandiers célèbre l’anniversaire des dix ans de L’Effet de Serge (2007) et de La Mélancolie des dragons (2008), deux spectacles pensés en diptyque, qui ont tracé les lignes de force de la compagnie de Philippe Quesne, Vivarium Studio. Que ce soit dans l’appartement de Serge ou dans le paysage féérique et enneigé de La Mélancolie des dragons, Philippe Quesne aborde la question de l’art à travers ce qui semble le plus dérisoire : les pratiques ama-teurs de doux rêveurs qui échafaudent des mondes à partir de rien. Réduit à son expression la plus triviale et la plus simple, l’effet devient dans le théâtre de Philippe Quesne la quintessence même de la poésie, la dose de folie supplémentaire qui permet de faire décoller le réel. Les expé-rimentations modestes et précises de Serge ou du groupe de hard rockers ne visent pas à épater la galerie, mais au contraire à créer une communauté bienveillante et sensible autour d’œuvres fragiles et temporaires. Loin de tout angélisme, ces deux pièces fondatrices sont traversées par une inquiétude sourde, sensible à l’état du monde dans lequel elles s’inscrivent. À mi-chemin entre pratique amateur, parc d’attraction et art minimaliste, ces spectacles mettent en scène le rituel que l’on peut construire autour de l’expérience même du théâtre. L’Effet de Serge et La Mélancolie des dragons ont tourné dans plus de trente pays, ils sont aujourd’hui au répertoire de Nanterre-Amandiers et continuent de déployer une poésie de l’ordinaire, célébrant l’inventivité simple et la joie calme et puissante du partage d’une passion.
Les films de Martin Le Chevallier sont présentés en écho à l’anniversaire des 10 ans de L’Effet de Serge et de La Mélancolie des dragons. On y retrouve les interprètes Gaëtan Vourc’h et Isabelle Angotti, figures récurrentes des spectacles de Philippe Quesne.