Anne, jeune femme victime d’un traumatisme se voit piller son histoire personnelle par un couple de producteurs new-yorkais sans scrupule. Chez Crimp, le faux devient plus réel que le vrai. Anne se sent dépouillée de son existence et a, peu à peu, l’impression troublante de devenir un personnage…
Comme le dit Guy Debord : Le vrai est un moment du faux. Cette formule s’applique bien à l’écriture du grand dramaturge anglais Martin Crimp. Des dialogues simples reconstituent avec minutie la banalité quotidienne, mais, par une série de glissements et par touches successives, la vérité finit par s’imprimer… de manière indécidable. Ce réalisme onirique laisse une sensation particulière ; les spectateurs l’ont ressentie avec La Ville et Play House, les deux pièces de Martin Crimp montées par Rémy Barché à la Comédie. Le titre Le Traitement renvoie au traitement de choc que subit Anne, le personnage central, et à un terme technique désignant une étape de l’élaboration d’un scénario. C’est dans le monde du cinéma new-yorkais que se situe l’action. Martin Crimp nous donne une photographie cruelle de cet univers dévorant. On suivra cette jeune femme qui, pour raconter son histoire, finira par se perdre, jusqu’à devenir le personnage d’un film très noir. Où est-on ? Où va-t-on ? — je n’en ai aucune idée. Mais n’est-ce pas là une des joies, une des joies de la grande ville ?