La cinquième symphonie de Mahler est la matrice de cette création.
Ce qui frappe, ce qui captive au sens physique du terme quand on écoute la cinquième de Mahler c’est cette oscillation entre une humanité sans limite et une douce ironie.
Elle ouvre des espaces intérieurs, elle nous fait passer d’une sombre mélancolie à une sauvagerie panique, elle trimballe des mondes secrets qui ne demandent qu’à percer, à naître ou renaître.
Alors voilà : nous avons mis toute cette musique en nous, dans les recoins les plus profonds de nos corps et de nos coeurs et nous avons composé Demi-Véronique, une épopée musicale et théâtrale dans un intérieur calciné, une maison ravagée par le feu.
La Demi-Véronique en tauromachie est le nom d’une passe durant laquelle le torero absorbe le taureau dans l’éventail de sa cape, le conduit dans une courbe serrée jusqu’à sa hanche, en contraignant l’arrêt de sa charge. Comme le soupir en musique, c’est une pause, une suspension à partir de laquelle tout peut recommencer et se transformer.
Et voici entre autres : un homme cherchant le cycle des métamorphoses, un poisson invincible, un baiser fumant, des oreilles capricieuses, un émiettement mélancolique, une maison-tragique, un coeur lourd comme le monde, le petit cirque humiliant des contradictions humaines et une biscotte récalcitrante.
— Jeanne Candel, Caroline Darchen, Lionel Dray