L’artiste plasticienne Virginie Yassef, dont l’installation L’Objet du doute a été présentée à Nanterre-Amandiers en 2016, crée un spectacle en adaptant pour la scène un texte de l’écrivain Ray Bradbury, maître de la littérature d’anticipation. Méconnues, les pièces de théâtre de l’auteur des Chroniques martiennes regorgent de didascalies et d’indications de mise en scène. C’est ce qui a particulièrement incité Virginie Yassef à s’emparer de l’étrange et édifiante histoire de The Veldt [La Savane] (1972). La savane, c’est le lieu de toutes les projections et de toutes les sauvageries. Dans une maison qui pourrait faire penser à celles imaginées par Jacques Tati, où tout est robotisé et où il ne suffit que d’appuyer sur un bouton pour que le dîner soit servi, une famille ordinaire – deux parents, deux enfants – découvre une nouvelle salle de jeu. Sommet futuriste du progrès technique et scientifique, conçu par des ingénieurs et des psychiatres de haut vol, cet espace ludique offre aux enfants la possibilité de tout imaginer, de tout convoquer, de rendre réel l’irréel et proche le lointain. C’est ainsi que Peter et Wendy, âgés respectivement de 12 et 13 ans, créent une savane peuplée de bêtes sauvages et de vautours affamés… Fable cruelle sur la déréliction de l’individu au sein de la famille moderne, La Savane est un terrain de jeu idéal pour Virginie Yassef qui dans son oeuvre, en ménageant des surprises, des mouvements, des déplacements, chasse le suspense, comme d’autres chasseraient les lions.
Avec le soutien de la fondation d’entreprise Hermès dans le cadre de son programme New Settings