Depuis ses premiers textes, Lazare questionne le présent, son présent, notre présent qu’il ne sépare jamais de ce qui fut son histoire, notre histoire. Il ne cesse d’interroger le passé pour mieux comprendre aujourd’hui, faisant parler vivants et morts, nous entraînant dans le monde trouble des secrets qui finissent par se révéler.
Son écriture sait rendre poétique la langue orale de ceux qui ne maîtrisent pas la langue « savante », de ceux qui vivent dans les marges d’une société cabossée. Avec Sombre Rivière, titre d’un standard de blues, c’est dans la musique et le chant que nous entraînent Lazare et ses compagnons de route pour dire tout à la fois la violence trop actuelle du monde et la force des songes.
Se souvenant de Rainer Werner Fassbinder interviewant sa mère dans son film L’Allemagne en automne, Lazare écrit Sombre Rivière s’inspirant de deux conversations téléphoniques, une avec sa mère, l’autre avec un ami dramaturge pour parler de cette violence qui nous enserre et nous rend peureux et sans défense. Ces deux textes, où l’on n’entend que la parole d’un des correspondants et où l’on devine dans les silences celle de l’interlocuteur, permettent à Lazare de poursuivre son chemin sur la voie d’un théâtre où « la musique est une respiration de l’écriture ».
Un théâtre fort, profondément personnel « fait d’improvisations et de rythmes qui alterne scènes parlées-chantées et musique », le théâtre d’un artiste pour qui écrire est encore plus nécessaire depuis les attentats de novembre 2015 à Paris.