Ça commence toujours par une rencontre, que ce soit à Atacama au Chili, à Yamagata au Japon ou à Rio de Janeiro au Brésil, et ainsi dans une quarantaine de pays à travers le monde… La démarche est toujours la même : s’arrêter dans une ville ou un village et prendre contact avec les habitants . Ensemble, ils élaborent une cabane – lieu de l’imaginaire et de l’enfance s’il en est – après avoir préalablement longuement dialogué. Pour donner corps à ses témoignages, Nicolas Henry a choisi de mettre en scène ses modèles dans une démarche à la frontière du théâtre et de l’installation.
Les décors de grand format sont réalisés avec l’aide d’une partie du village ou du quartier. Ces cabanes deviennent alors des événements symboliques, reflets d’une pensée collective. Au coucher du soleil, de plus en plus de monde rejoint le lieu de représentation et c’est à ce moment-là que Nicolas Henry fait la photographie. Il s’agit d’une véritable mise en scène publique, fabriquée et imaginée avec les habitants qui, d’une certaine façon, créent ainsi leur propre image. Aux photographies, s’ajoutent les paroles de ces aînés du monde entier qui se racontent à travers leurs souvenirs et leur appartenance culturelle. Nicolas Henry aborde ici différentes thématiques universelles : l’évolution des traditions, la nature, l’écologie, la famille, mais aussi la discrimination, les frontières ou encore le droit de choisir son amour.
« Les photos de Nicolas Henry sont une démonstration parfaite de cette mythique phrase de Shakespeare : « Le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs. » Il met en scène ces personnages, ces hommes, ces femmes, ces enfants, en les éclairant de sa vision tendre et lumineuse ; ce « metteur en scène de l’image » transforme, ou plutôt met en valeur chaque situation qu’il rencontre ; il réussit à rendre visible l’invisible, à célébrer ce qui reste habituellement caché dans la rude banalité du quotidien. Grâce à son oeil de poète et sa façon unique de photographier le monde dans lequel nous vivons, il redonne toute sa splendeur à l’humanité dans une vision magique et utopique, où la beauté de l’homme et de la nature rayonne dans chaque image ». Irina Brook
Né en France en 1978, Nicolas Henry est diplômé des Beaux Arts de Paris. Il a été formé dans l’industrie du cinéma en tant que réalisateur de films à l’Emily Carr Institute of Art and Design à Vancouver, Canada. Parallèlement à une carrière d’éclairagiste et de scénographe dans le spectacle (musique, danse contemporaine et théâtre), il a parcouru le monde pendant trois ans en tant que réalisateur pour le projet « 6 milliards d’autres » de Yann Arthus-Bertrand, il en a assuré la direction artistique lors de l’exposition au grand Palais au début de 2009. Il poursuit son travail personnel, parcourant le monde afin de réaliser une série de portraits des ancêtres du monde entier «Les cabanes de nos grands parents » (Editions Actes Sud), mélangeants installation plastiques et portraits photographiques. Ses travaux mixants photographies, sculptures ont été exposées dans le monde entier de New York au Japon, Népal, Nigéria, Corée en Argentine … Le film « Comfortably Lost » (2011) du réalisateur Quentin Clausin est basé sur l’histoire de ce théâtre vivant.Il est présent aux rencontres d’Arles en 2014 et 2016, cette même année, il a été récompensé par le prix Popcap’16 pour la photographie africaine. Son nouveau livre sur les communautés à travers le monde «Contes imaginaires autour du monde – World’s in the making» sort en 2016 aux Editions Albin Michel, il reçoit le prix Méditerranée du livre d’art 2017.