Depuis 2001, La Biennale internationale des arts de la marionnette sillonne Paris et toute l’Ile-de-France, elle s’est imposée comme l’un des rendez-vous incontournables de la scène marionnettique contemporaine française. Son nomadisme « gourmand » noue et nourrit des collaborations, des complicités, durant quatre semaines lors d’une programmation dense et éclectique où les artistes invités disent leur monde grâce à l’objet, la matière, l’image et bien sûr l’effigie humaine, poupée ou mannequin. La Biennale offre ainsi un véritable tour d’horizon des tendances du genre d’Europe et d’ailleurs. En 2019 elle fêtera sa 10e édition et fera une escale printanière à la MAC CRETEIL.
Si vous détruisez les monuments, sauvez les piédestaux. On en aura toujours l’usage…
Pour ce projet pluri-artistique, le Puppentheater Halle coopère avec la Handspring Puppet Company établie au Cap en Afrique du Sud. Pour la mise en scène, ils se sont assurer le concours de la metteuse en scène, chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin.
La commande de cette création a pour thème les monuments et pour point de départ Save the Pedestals (Sauvez les piédestaux), une nouvelle inédite de l’écrivain sud-africain Ivan Vladislavic.
Dans ce récit, encore inédit à ce jour, le fameux écrivain sud-africain Ivan Vladislavic décrit deux protagonistes d’un certain âge déambulant dans Johannesburg, leur ville natale, tout en philosophant sur les injures du temps et la disparition des monuments. Ils répondent aux noms de Comrade A et Ma Z, deux sobriquets révélateurs, reflets tant de leurs convictions politiques que de leur origine ethnique. Ce sont leurs rêves qui déterminent le cours de leurs pérégrinations, des rêves dans lesquels à chaque fois des monuments jouent un rôle éminent : ainsi Ma Z voit-elle dans son sommeil un piédestal de verre dans lequel reposent – tels des os dans un reliquaire – les noms des enfants de la statue. Comrade A quant à lui s’imagine une migration des statues, parties nuitamment en quête d’un avenir meilleur, délaissant les places excentrées pour gagner des piédestaux bien plus attrayants, près de sites touristiques. (…)
Ainsi se déploie un propos poético-politique, qui embrasse la chute de Saddam Hussein et celle des statues à sa gloire, le sort réservé aux monuments sud-africains ou encore l’inflation des effigies de Lénine. Les considérations s’inspirent d’un aphorisme de Stanislaw Lec : „Si vous détruisez les monuments, sauvez les piédestaux. On en aura toujours l’usage.
Francesca Spinazzi