Jeanne Candel et ses complices de La vie brève imaginent un « opéra-théâtre » sur la figure du mal. Un drame lyrique teinté de la fantaisie décalée chère à la compagnie.
Quelque part en Amérique latine, dans un espace énigmatique qui semble hanté, rôde la silhouette du Général Tarquin, emblème des tyrans d’hier et d’aujourd’hui. Une juge mène l’enquête : où se trouve maintenant ce criminel ? L’intrigue policière est traversée par les images mentales de Marta, vibrante chanteuse de tango dont le destin croisa un jour celui de Tarquin. Cinq acteurs-chanteurs et un quatuor d’ac- teurs-musiciens (accordéon, violon, violoncelle et clarinette) portent ce drame lyrique tandis que l’espace fait entendre toute une vie sonore. La metteuse en scène Jeanne Candel poursuit sa recherche d’un théâtre indissociable de la musique où s’exprime aussi la jubilation de la scène. Elle collabore ici avec l’écrivain Aram Kebabdjian, qui signe le livret, et retrouve Florent Hubert, déjà directeur musical du Crocodile trompeur/Didon et Enée (Molière 2014 du meilleur spectacle musical). Ici, la partition emprunte au baroque, en particulier à la cantate La Lucrezia de Haendel, et aux traditions populaires sud-américaines. L’humour absurde introduit des bulles de légèreté dans une réflexion sur la complexité du mal, et l’espoir de s’en libérer.