La question des banlieues, de la mémoire, de la guerre d’Algérie habite mon travail au théâtre depuis de nombreuses années. Dans la pièce Au pied du mur sans porte, un religieux tente d’orienter le destin d’adolescents paumés en leur proposant un accès direct aux oreillers du paradis. Cette pièce a été écrite en 2009. Dans Passé je ne sais où qui revient, écrit à partir de récits sur les massacres de Sétif et Guelma en 1945 en Algérie, et dans Rabah Robert, j’explore le terreau de la guerre d’Algérie pour comprendre le séisme de notre refoulé colonial et soulager une partie du peuple suffoqué qui n’a pour représentation positive de lui-même que la mosquée et les sportifs.
Durant toutes ces années, j’ai travaillé sur les signes annonciateurs de ce que nous vivons aujourd’hui ; par la fiction j’ai évoqué les manques et les trous dans le récit de notre histoire contemporaine, les noeuds qui ont participé à créer dans notre société de la séparation. Sombre Rivière, ma dernière pièce évoque la douleur des attentats du 13 novembre 2015. Comment transcender une violence pour l’emmener ailleurs, dans l’écriture, dans la parole, dans le chant ? Je pleure mes morts de Sétif et de Guelma et je pleure mes morts de France. C’est le même monde – le mien et le nôtre.
Je m’appelle Ismaël, sera un objet de théâtre cinématographique et musical. À la brutalité du monde, Ismaël oppose son imagination flamboyante : il écrit un film de science-fiction, métaphore poétique et surréaliste du monde tel qu’il le perçoit. Mais comment le réaliser sans équipe et sans argent ?
Lazare