Né d’une recherche sur les formes musicales françaises des XVIIe et XVIIIe siècles, Abaca s’inspire des règles du rondeau – et de son alternance de couplets et de refrain semblable à celle de nos chansons d’enfance – pour composer une ode aussi subtile que joyeuse à la légèreté d’être. Un quatuor d’interprètes – une femme et trois hommes – explore une série d’humeurs chorégraphiques. Entre les différentes séquences, une porte déplacée à loisir sur le plateau ouvre à chaque fois sur un nouvel imaginaire. La musique, mais également la lumière et les couleurs chaudes ou froides des costumes, contribuent à faire de chaque situation un espace fécond où la danse, nourrie par la complicité des quatre protagonistes, réinvente sans cesse ses lignes de force. Quoiqu’elle obéisse à une forme structurée, la pièce suscite un plaisir de jeu immédiat et total, dans l’esprit même du pur divertissement cher à l’époque baroque. Une version contemporaine, en somme, de ces fêtes galantes qui ont donné leur nom à la compagnie de Béatrice Massin.
Isabelle Calabre