Fin d’été, quatre femmes dans une grande maison au bord de la mer. Deux générations. Mères et filles s’appréhendent, et les pistes sont brouillées : qui prend l’âge et l’énergie de l’autre ? Comment aimer ? Suzanne Aubert dessine dans ce spectacle, librement inspiré de Maeterlinck, un conte doux et amer du tragique quotidien aux couleurs d’un film de Rohmer.
Baleines est l’histoire de quatre femmes en vacances, mères et filles dans une grande maison au bord de la mer… sans hommes. Pour les jeunes filles, tout est possible. Le premier amour de Maleine est parti loin sur l’océan. Le désir sature la maison, envahit les protagonistes ; il brouille la différence entre les générations, épuise les corps et laisse les filles bizarrement vieillies auprès de ces mères qui veulent rester vivantes. Les chansons en live accentuent cette exaltation de l’amour. Suzanne Aubert, que l’on a vue jouer un électrique Chérubin dans Le Mariage de Figaro de Rémy Barché, réalise à la Comédie sa première mise en scène. Elle a choisi quatre actrices trentenaires pour incarner ces deux générations de femmes. Elle les mène avec délicatesse et fantaisie sur les traces de l’héroïne de La Princesse Maleine, premier drame symboliste de Maeterlinck. Suzanne Aubert est fidèle à l’esprit de cette pièce qui dessine des personnages effacés pris dans de minuscules tragédies. On scrute l’horizon, on joue au badminton, la douceur tourne au gris, la plage se vide ; la vie ordinaire se transforme en conte cruel.