Bataille est une confrontation entre deux acteurs : d’une part Hassan Razak, spécialiste de percussion corporelle et d’autre part Pierre Cartonnet, spécialiste d’acrobatie. Cette confrontation est une bataille complexe, paradoxale et ambigüe. Est-ce un jeu de dupe réaliste ou une véritable bagarre ? Est-ce un contrat accepté par les deux parties ou une violence unilatérale ? La violence est-elle subie ou consentie ? Masochiste ou sadique ? Cette bataille joue avec les oppositions : le dedans et le dehors de la narration, l’alternance de l’humour et de l’angoisse ; l’aller-retour entre le réalisme et l’abstraction. L’ensemble de ces paradoxes souligne les relations antagonistes entre le Moi et son Inconscient, épisodiquement maître à bord de ce jeu d’illusions mutuelles. Déceptions, violences, jouissances, dominations, rires, soumissions, extases… Tout se mélange. Georges Bataille, qui offre son patronyme à la pièce, n’est plus très loin. Il écrivait : « J’ai perdu la foi dans un éclat de rire » ou encore « Tout était faux, jusqu’à ma souffrance. J’ai recommencé à pleurer tant que je pus : mes sanglots n’avaient ni queue, ni tête. » C’est dans cette ambivalence permanente que la pièce place son équilibre chancelant entre espoir et désillusion.
Pierre Rigal