Des horloges et des nuages. C’est par cette formule que le philosophe des sciences Karl Popper expliquait les deux grands principes régulant la réalité physique. D’un côté les phénomènes prédictibles et réguliers, de l’autre ceux soumis à l’indétermination. Ces réflexions ont inspiré le compositeur György Ligeti, dont les compositions oscillent entre chaos et structure – comme son Concerto de chambre (1969) qui a servi de point d’appui au chorégraphe Noé Soulier. Pour ce projet, accompagné par un large groupe d’étudiants du CNSMD de Paris et du Cndc d’Angers, Noé Soulier a créé des outils de composition permettant de générer du mouvement pour un groupe : comme une équation à plusieurs inconnues, la partition se tisse en temps réel – dans un va-et-vient entre les décisions prises par les membres du groupe et l’ensemble des mouvements écrits. Comme un nuage d’intentions fugitives et de réactions en chaîne, les directions prises par les danseurs répondent à une logique décentralisée, réactive à la moindre impulsion – formant des lignes, des vagues, des dispersions et des enchevêtrements…