Au désert et Construire un feu débutent la série Les Tourmentes. Avec elles, Sylvain Creuzevault inaugure un travail sur des formes qu’il présente comme des « peintures animées », des « natures vives » mettant en scène des individus face à des espaces naturels hostiles. À l’origine, il y a le besoin d’exposer avec un minimum de mots les peines que nous nous infligeons et qui nous traversent, en présentant des hommes et des femmes qui « affrontent la nature comme châtiment ».
Je suis coupable, et Les Tourmentes sont mes juges. C’est la mer démontée, dessinée par Stéphane Mallarmé dans son poème Un coup de dés jamais n’abolira le hasard, qui devient le livret d’un opéra confié au compositeur Pierre-Yves Macé ; c’est la nature glaciale figurée par Jack London dans Construire un feu ; ou encore la grande sécheresse d’un désert à traverser… Autant d’allégories de nos combats intimes dont il s’agit de sortir réparés – des allégories que le metteur en scène, paradoxalement, souhaite rendre « aussi théâtralement douces que possible ». Pour, peut-être, redonner au théâtre sa force de consolation collective.