Surexposés sur fond noir, des corps brillent au coeur d’une nuit, comme figés par le flash d’un appareil photo. Quinze personnes participent à une fête improvisée, sur fond de musique électronique et techno. Pour Crowd, Dennis Cooper et Gisèle Vienne composent ensemble une partition chorégraphique et théâtrale où les histoires se croisent et se superposent, une narration sans paroles audibles qui vient déployer le paysage complexe de cette fête. Une fête traversée de sentiments exaltés et contradictoires, où la violence se mêle à la jubilation, où la sensualité épouse la cruauté.
Là encore, le travail de Gisèle Vienne vient interroger le rapport trouble que nous entretenons avec nos fantasmes, posant la question complexe de la façon dont l’homme peut canaliser ses pulsions. Les mouvements stylisés, interprétés avec virtuosité sur un DJ set signé Peter Rehberg, provoquent des vibrations rythmiques, un sentiment d’hallucination, et créent une écriture chorégraphique et théâtrale singulière. Le spectateur se voit troublé, et lorsque les mouvements s’arrêtent, que les gestes sont heurtés, saccadés, interrompus de multiples manières, c’est le temps qui en vient à s’altérer et se distordre.
La réalité du spectacle vivant réinvente et réinterprète le champ des possibilités gestuelles qu’offrent les mouvements générés par le montage vidéo et les effets spéciaux. Le spectacle ouvre alors un espace exutoire, qui invite les spectateurs à traverser des zones complexes de leur intimité, le long d’une interrogation sur les rapports sourds entre fête et violence.