Le duo Les Chinoiseries a été créé par Mathilde Monnier et Louis Sclavis en 1990. Écriture ciselée au millimètre, corps tranchant l’espace, cette pièce explore les contours d’une chorégraphie qui se déploie avec une précision propre aux figurines chinoises. Cette même année, I-Fang Lin s’installait en France. Danseuse classique à Taïwan, elle se familiarise avec la danse contemporaine et devient quelques années plus tard l’une des interprètes phares de Mathilde Monnier.
Aujourd’hui, Mathilde Monnier a transmis Les Chinoiseries à I-Fang Lin. Pour autant, I-Fang Lin, dont il s’agit de la première pièce chorégraphiée, ne propose pas une retranscription littérale de la pièce originale. Les Chinoiseries deviennent ainsi En Chinoiseries. Et François Marry, leader du groupe François & The Atlas Mountains, crée une nouvelle partition à partir de celle de Louis Sclavis. Surtout, I-Fang Lin déplace le propos de la pièce sur un autre terrain : le clivage entre Asie et Occident. En Chinoiseries est une invitation à naviguer en sa compagnie dans l’archipel de sa mémoire, de son histoire, en mettant en vis-à-vis la création contemporaine en Europe et les répertoires chinois et taïwanais des années 1950 et 1960. À travers une série de séquences dansées entrecoupées de brefs récits, le spectateur voyage dans les marchés de nuit taïwanais, dans les récits populaires de la Chine traditionnelle et dans l’ambiance kitch des boîtes de KTV.