Si l’expression « devoir de mémoire » postule sur l’obligation morale de se souvenir d’un évènement historique tragique et de ses protagonistes, il n’est pas de question plus cruciale que les écritures et les pensées de la décolonisation pour considérer nos identités françaises et les oublis de sa mémoire coloniale.
Au cœur de nos mémoires vives, avec la précision des outils de l’histoire et la rigueur d’une enquête, la Compagnie Nova documente ses investigations théâtrales au plus près de la vie pour faire surgir toute la force et tout le sens de la créolité de nos identités françaises.
« Et mon cœur fume encore » retrace les mémoires et les silences de la guerre d’Algérie.
Une traversée intime, poétique, littéraire et musicale faite du parcours de 7 personnages, (deux militants du FLN, une femme pied-noir, un harki, une militante parisienne anticolonialiste, un appelé du contingent et un militaire de carrière) aux prises avec la part organique de leur vérité.
Force des témoignages recueillis auprès des familles et des proches, des historiens, des poètes, ou des intellectuels, tous servent de bascule vers le théâtre de Alice Carré et Margaux Eskenazi, passant sans cesse de l’intime au politique, du témoignage au jeu, du réel à la fiction.
Mémoires occultées faites à jamais d’exils, de métissages, d’angles morts, de non dits, d’imaginaires et de violences enfouies défient les discours officiels et le temps pour rejaillir et se métamorphoser.
Une fabrique de théâtre de l’existence s’anime sous nos yeux, la fresque percutante d’une histoire inter générationnelle et nationale.
Dans une très grande proximité avec le public, de part et d’autres de la scène les comédiens vont prendre la parole et témoigner pour Mado, Francis, Ahmed, Daniel, Mamoun ou Brahim, interprétant chacun plusieurs personnages, des hommes ou des femmes indifféremment, embarqués dans cette guerre à fragmentation psychologique et morale où la politique aura toujours été en embuscade, mais sans que jamais la mémoire ne perde sa boussole.