Lorsqu’Onéguine fait irruption dans le petit monde de Tatiana, le cœur de la jeune fille se met à battre pour ce flamboyant dandy venu de la capitale. La nuit, elle écrit une lettre brûlante à celui dans lequel elle voit l’envoyé du destin qui l’aidera à s’échapper de sa vie. Hélas, le jeune homme repousse ses avances. Leur vie devient une suite de rendez-vous manqués, dérisoires et tragiques, qui voient Onéguine tuer en duel son ami Lenski avant de retrouver Tatiana devenue princesse. Il lui déclare son amour. Elle (l’aime et) le repousse.
Sublime roman de l’échec, Eugène Onéguine de Pouchkine toucha Tchaïkovski qui en adapta le texte en une nuit. Tout à la fois lyrique et puissamment dramatique, l’opéra dresse une peinture acerbe de la société russe de son temps : il n’en est pas moins une œuvre intemporelle qui décrit la perte des illusions d’une jeunesse désabusée.
Dans une mise en scène subtile et sensible, Julien Chavaz s’attache à représenter la frontière ténue entre le rêve et la réalité : le fracas des idéaux sur les récifs de l’existence. Sous la direction de Marta Gardolińska, cette production est l’occasion de retrouver, dans le rôle de Tatiana, Enkeleda Kamani, inoubliable Violetta de La Traviata, face à l’Onéguine de Jacques Imbrailo.