Trente ans après sa mort (1939-1987) le Théâtre National Cervantès de Buenos Aires invite Copi à rejoindre le prestigieux panthéon de la dramaturgie Argentine du XXe siècle avec la création de deux de ses pièces. Cette nouvelle création scellera le retour mérité de ce grand artiste, interdit durant les années de dictature et encore méconnu dans son pays d’origine. Ce sera aussi l’occasion pour moi de mettre en scène pour la première fois en Argentine des acteurs argentins, et revenir sur l’œuvre de Copi que j’aime tant. Copi est lucide, percutant, drôle, terroriste, chic à chaque une de ces répliques.
Sa vision du monde est moderne et libre. Son théâtre est profondément politique, sans morale ni leçons. J’aime l’œuvre de Copi parce qu’elle explose le normatif, les lieux communs, les clichés. Son écriture est une porte ouverte à la liberté. Copi dessinait tout le temps, tous les jours, et quand il ne gribouillait pas la page blanche, il se dessinait sur scène, comme il aimait à le rappeler. C’est sa vie de tous les jours qu’on voit dé ler dans les pages du Nouvel Observateur pendant plus de dix ans. Son regard sur le monde, l’actualité. Le trait de La Femme assise est d’une précarité folle : rien de sophistiqué là dedans. A peine trois cheveux, son grand nez, sa chaise. Poulets, putes, arabes, sa lle Marie-Christine, Noémie la poule, pédés, perroquets, escargots, et autres bestioles… La grande « comédie humaine », le monde selon Copi se déroule au l des pages. Ces personnages sont terriblement actuels. Copi parle comme personne de la solitude dans le monde d’aujourd’hui, et sa vision de l’humanité, sa lucidité sur les rapports humains, est incroyable. C’est le décloisonnement du politiquement correct en général. Un humour aussi dévastateur que la violence.
Il parait que la plupart des étoiles que l’on voit dans le ciel sont mortes. Nous percevons encore leur lumière mais la planète est morte depuis longtemps. Inversement, d’autres sont peut être nées, mais nous ne voyons pas encore leur lumière. Je me suis dit que ma relation avec Copi ressemblait à cette histoire d’étoiles. Lui est mort, on le sait, mais c’est à travers mes spectacles, je crois, que sa lumière continue de nous éclairer.
Au moment ou l’Europe semble vivre un violent retour en arrière concernant la diversité sociale, la tolérance, le vivre
ensemble, je lis ses pièces comme une arme discrète contre l’emphase.
Marcial Di Fonzo Bo
TOURNEE
11 au 13 oct, tnBa Bordeaux dans le cadre du FaB
17 oct, le Manège scène nationale de Maubeuge
26 au 28 oct, teatro español Madrid
7 au 9 nov, la Manufacture, Cdn de nancy
16 au 18 nov, théâtre des Célestins, lyon
21 et 22 nov, théâtre de nîmes