En ouverture de saison, cette soirée, dédiée à la transgression de l’interdit, réunit trois œuvres rares dans un même geste artistique. Sancta Susanna est un météore qui traversa le ciel de l’art lyrique un soir de mars 1922. Poussée par un désir brûlant, une religieuse se met à nu et enlace la statue du Christ. Cette œuvre de trente minutes, jamais donnée, fit scandale lors de sa création à l’Opéra de Francfort et provoqua la fureur de l’Église.
Au geste sulfureux de Sancta Susanna répond la soif de savoir de Judith : Le Château de Barbe-Bleue s’apparente à un inquiétant huis clos, une confrontation entre Barbe-Bleue et son épouse qui oblige son geôlier à ouvrir une à une les portes de son château jusqu’au point de non-retour… Pour accompagner ce plongeon dans l’inconnu, Bartók a composé une envoûtante musique de la nuit, empreinte d’un folklore hongrois rêvé.
Autre œuvre méconnue sinon inconnue, La Danse des morts de Honegger vient compléter la soirée. Dans cet ouvrage choral composé sur un poème de Claudel, les morts deviennent une communauté joyeuse et subversive. Le compositeur se joue de la frontière qui sépare musiques savante et populaire, intégrant dans son enfer des chansons inattendues telles que Sur le pont d’Avignon.