Que reste-t-il quand on a tout enlevé ? Il reste le blanc sans doute. Et ce qu’il faudra encore faire sauter – pour toucher au plus petit dénominateur commun. À ce qui, obstinément, nous parle de Là, depuis Là, encore. Quoiqu’il en coûte. Quoiqu’il s’en échappe. Pour l’enchantement, pour le passage, comme pour la joie.
Au commencement, il y aurait le geste réduit à l’essentiel : deux corps, deux genres, deux couleurs, deux dimensions, deux règnes, une même solitude, le même désir tenace que ça continue et que ça recommence. La même envie profonde de se laisser transformer par l’autre, déplacer par l’autre. Comme si tout n’existait que d’être troublé ou traversé. Il y aurait deux humains et un corbeau pie s’embarquant les uns les autres dans un drôle de ballet sensible et poétique, où chaque corps fait trace, où chaque histoire s’écrit.
Premier volet d’un diptyque, Là est un prologue, un geste brut et nu qui circule entre corps et voix, entre rythmes et portés, entre chute et élan. Rien ne s’y fixe, rien ne s’y installe, tout s’y laisse dévaler. Avant-poste de Falaise, cette première pièce donne à voir cette langue sans mot ni arrêt qui se déroule sous nos vies. Elle retourne comme un gant l’espace du dedans et nous invite à nous observer dans la surface changeante que nous tendent nos gestes. Zoomant sur le présent de l’ici et maintenant, Là revisite nos gestes ignorés, nos gestes impulsifs, ceux de la saccade, ceux du spasme ou du cri, ceux de la vie n’importe comment, ceux de la vie à tout prix.