Il fut un temps pas si lointain, où, en matière d’art et de musique, on ne cessait de valser entre Paris et Vienne… Meilhac et Halévy, paroliers géniaux de Carmen et des fantaisies les plus délurées d’Offenbach ont aussi écrit des pièces destinées au théâtre. Conçu comme une farce en 1880, leur Réveillon se délecte des turpitudes de la France bourgeoise – mais profonde ! – de la IIIe République. Complots, quiproquos, déguisements, arrestations, séductions, mais aussi mesquineries et orgueils blessés y font merveille… Mais la musique n’est jamais bien loin : la pièce attire bientôt l’intérêt du grand compositeur viennois Johann Strauss, qui la transforme en une éclatante Chauve-Souris… Triomphe immédiat !
Aujourd’hui, cet emblème du raffinement à la viennoise retrouve son texte français (et son décor de Pincornet-les-Boeufs), avec des dialogues réécrits pour l’Opéra de Lille par Agathe Mélinand, et se livre à la fantaisie généreuse de Laurent Pelly. Après avoir donné à Lille un inénarrable Roi Carotte et un Songe d’une nuit d’été enchanteur, Pelly trouve ici de quoi assouvir son goût des situations loufoques.