Que serait Frankenstein aujourd’hui ? Une invention scientifique, probablement. Ou bien un comédien ? La vie recréée de toute pièce par un cerveau génial : c’est un rêve de scientifique et un désir de théâtre. Mary Shelley serait sans doute aujourd’hui une scientifique de l’EPFL ou une metteuse en scène… Quand elle a écrit Frankenstein il y a 200 ans sur les bords du Léman, le climat était bouleversé par l’éruption d’un volcan indonésien et l’été suisse fut sans soleil. Avec quelques amis, pour passer le temps, ils jouaient à se raconter des histoires pour se faire peur. Aujourd’hui, les changements climatiques ont toutes les raisons d’inquiéter et la science joue avec le vivant, décryptant par exemple le cerveau pour mieux le connaître, le soigner et pourquoi pas l’imiter pour le dépasser en inventant une nouvelle informatique.
Jean-François Peyret « expose son théâtre à la science comme on s’expose au soleil » depuis de nombreuses années. Il ne cherche pas à illustrer ou à expliquer la science d’aujourd’hui. Il met en scène l’espoir tragique du scientifique qui expérimente sur le vivant et contre la mort : le scientifique contemporain en Prométhée moderne. Pour La Fabrique des monstres, il met en scène des acteurs enfermés dans un théâtre pour cause de dérèglement climatique – deux comédiens habitués des plus grandes scènes et du cinéma, Jeanne Balibar et Jacques Bonnaffé, et deux jeunes artistes, l’auteur et acteur lausannois Joël Maillard et Victor Lenoble de L’IRMAR (Institut de Recherches ne Menant À Rien). L’un d’eux se souvient d’avoir joué dans Faust (un autre fameux Prométhée scienti que), l’autre se passionne pour les avancées de l’ambitieux Human Brain Project installé entre Genève et Lausanne, un troisième ne croit plus à ce qu’il fait… Ils sont accompagnés par une machine musicale élaborée par l’IRCAM (Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique) à partir d’un algorithme bientôt incontrôlable.