Que faire de cet enfant qui s’appelait Kader, qui avait 6 ans et s’amusait à attraper des papillons, prenait le temps de les cueillir un par un, récolter cette fameuse poudre qu’ils avaient sur leurs ailes, puis en recouvrir les ailes en carton qu’il s’était fabriquées pour essayer de voler ? Que faire, aujourd’hui, du garçon qui s’endormait le soir dans une chambre tapissée de motifs à la fois baroques et végétaux qui, quand ils se mettaient à bouger, provoquaient des terreurs nocturnes et des rêves éveillés longtemps après ?
Murmure des songes convoque notre capacité à aller au-delà de ce que nous sommes. Elle laisse une large place à l’invention, à l’imaginaire, à la suggestion afin de susciter des émotions. J’utilise les leviers émotionnels pour faire du bien ou faire réagir, bousculer et même parfois bouleverser. Un spectacle est réussi quand le public entre dans une salle et en ressort différent. Depuis mes premières créations, je souhaite raconter des histoires en un temps très court. Il m’importe d’arriver à l’essentiel sans chercher à tout prix un effet de surprise, de mettre en lumière la poésie du hip hop et créer du rêve. Ma démarche traverse les âges et j’ai toujours eu l’envie de me mettre à hauteur d’enfant et de lui parler. L’enfant est pour moi une porte ouverte sur l’imaginaire. Sans cesse en éveil, il capte ce qui nous entoure et que l’on ne voit plus, devenus adulte. Il garde cette capacité de voyager par l’esprit, à travers son imagination sans bornes que j’ai toujours considérée comme de la poésie pure. Montrer cette poésie est pour moi une manière de reconnecter l’humain à la part d’enfant qu’il oublie parfois.
Kader Attou