Il y aurait une histoire, qui serait trois histoires : celle qu’on raconte le plus honnêtement possible, celle qu’on voudrait avoir vécue et celle que tous finissent par connaître. Il y aurait un orchestre qui en fait serait double : l’un serait dans la fosse “sage et beau, éclectique et raffiné, comme un orchestre d’opéra”. L’autre serait partout ailleurs : sur scène, dans le public, en coulisses, tour à tour choeur ou acteur, visible ou caché. L’un serait sonorisé, l’autre pas. Il y aurait un compositeur français, arthur Lavandier, jeune mais déjà bardé de prix prestigieux, et un auteur italien, Federico Flamminio, passionné par les mythologies. Les deux auraient déjà proposé ensemble, en 2012, des Fureurs à l’Opéra de Lille.

Il y aurait, complice notoire des précédents, un jeune ensemble iconoclaste, le Balcon, mené par Maxime Pascal, qui aurait déjà semé la tempête sur la scène lilloise et qui n’aimerait rien tant que les géographies variables, les configurations inconnues, et qui voudrait, cette fois-ci, mettre “la scène partout dans la salle.” Il y aurait un metteur en scène américain, Ted Huffman, passé entre autres par Glyndebourne et par le Festival d’aix-en-Provence, où il présentait l’été dernier la très remarquée Svadba. Il y aurait ainsi tous les éléments pour que soit commis Le Premier Meurtre – à coup sûr pas le dernier – un opéra éclaté et éclatant, placé sous le signe de l’inédit et de l’intrépide aventure.