Parodie grotesque hilarante des rivalités de pouvoir, Le Roi Carotte raconte comment le Roi Fridolin, chassé par le Roi Carotte, parvient à reconquérir le trône de Krokodyne. La première version, créée en 1869, donnait un spectacle de six heures déjà recréée en version réduite en 1872 mais qui restait difficile à monter notamment en raison d’une structure dramatique imposant de nombreux sauts spatio-temporels. C’est certainement l’une des principales raisons pour lesquelles, depuis les 195 représentations données au Théâtre de la Gaité Lyrique dans les années 1860-1870, Le Roi Carotte n’avait jamais été rejoué.
En 2015, pour l’Opéra national de Lyon, la dramaturge Agathe Mélinand a réalisé une adaptation en trois actes et onze tableaux qui, bien que plus concise, ne perd rien de l’opéra féérie : successions nombreuses de scènes se déroulant dans des lieux improbables, avec chaque fois de nouveaux décors et costumes, selon une narration tirant vers l’absurde tenue à un rythme effréné. Il fallait ensuite le talent de Laurent Pelly qui, à l’image de son travail sur les costumes, a la faculté de parvenir à toucher juste avec une grande simplicité visuelle, pour permettre de remonter une telle œuvre. Il parvient à faire de cette œuvre musicalement géniale d’Offenbach un véritable bijou : un spectacle à la fois drôle, pétillant et touchant, liant avec une subtilité rare l’humour, la légèreté et la tendresse dans une atmosphère de folie maîtrisée de bout en bout.