Jonathan Littell commence à rédiger son essai Le Sec et l’humide durant l’écriture de son roman Les Bienveillantes, prix Goncourt 2008. Si Les Bienveillantes retraçait le parcours du héros fictif Max Auer dans l’appareil nazi, Le Sec et l’humide s’attache à deux personnages historiques. Le premier, Léon Degrelle, écrivain et journaliste, devient une figure du mouvement belge Rex, devenu un parti fasciste. Le second, Klaus Theweleit, sociologue et historien russe, publie en 1977 et 1978 Männerphantasien (Fantasmâlgories traduit par Christophe Lucchese), thèse sur la question du genre dans la théorie du fascisme. Guy Cassiers a présenté une première version du Sec et l’humide en 2015, avant de mettre en scène l’année suivante Les Bienveillantes. Il en propose aujourd’hui une nouvelle version, et sollicite les outils mis à sa disposition par l’Ircam. Ainsi, grâce à de nombreuses archives audio et vidéo, la voix de Degrelle a pu être reproduite pour donner corps à son langage métaphorique, le « sec » symbolisant pour lui l’idéologie fasciste et l’humide, la boue du communisme. Dans ce qui ressemble à une conférence racontant la campagne de Russie, où les expériences acoustiques et les images se succèdent, les commentaires de Theweleit contrebalancent les propos fascistes.
avec l’Ircam, dans le cadre de Mutations-créations