D’où regardent les anges ? De quelle source coule la lumière qui de leurs yeux vient se poser sur nos existences fragiles ? D’un monde auquel nous n’avons pas accès ? De notre désir de pureté ? De notre angoisse de ne pas faire face à notre finitude ? De notre certitude de nous retrouver un jour sous terre ? Est-ce la violence en nous qui nous pousse à désirer accueillir une présence, à attendre un frémissement, à espérer un regard pour que cette violence se taise ? Oui, d’où regardent les anges ? Et qu’est-ce que le doux regard des anges, celui entraperçu dans la pénombre, débris de fresque au mur d’une chapelle désaffectée, au moment de la détresse d’un abandon, sinon cette part vibrante de nous-mêmes qui se révèle, ce paysage d’enfance qui ne nous quitte pas, cette, annonciation d’un accomplissement qui nous saisit devant l’éclat du réel, la ,saveur d’une peau, l’enchantement d’un geste, la grâce d’une allure. L’ange en nous est une épiphanie, l’apparition d’une sensation, dans la complexité de nos vies, qui fait honneur au privilège d’être là, au monde. Les hommes ont inventé les dieux pour donner corps à l’inconnu. Ils ont inventé les anges pour exprimer leur propre mystère. Ils ont inventé les anges pour y loger une lumière qui est un feu. C’est de ce feu doux que regardent  les anges.