Fin juillet 2021, la situation en Afghanistan se détériore rapidement ; les talibans progressent et reprennent tout le pays, jusqu’à la capitale, Kaboul, le 15 août. Parmi les innombrables Afghans qui cherchent alors à fuir le pays, les artistes courent le plus grand danger. Kubra Khademi, performeuse féministe, lance un appel. En France, des directeurs et directrices de centres dramatiques nationaux, centres chorégraphiques et scènes nationales s’engagent à accueillir ces artistes prenant la route de l’exil. Joris Mathieu, directeur du Théâtre Nouvelle Génération – CDN de Lyon, et Jean Bellorini, directeur du Théâtre National Populaire, décident d’accueillir conjointement une troupe de théâtre composée de neuf jeunes comédiennes et d’un metteur en scène : l’Afghan Girls Theater Group. Après une évacuation difficile, la troupe rejoint la métropole de Lyon. Reste à écrire le récit d’une nouvelle vie et d’un parcours artistique qui se poursuit en France.
Dès les premières répétitions proposées par Jean Bellorini autour de la pièce Antigone de Sophocle, les comédiennes s’imposent comme un chœur de guerrières. Leur rapport au jeu est entier, vertical ; il est à la fois naïf et puissant, tant leur vécu et la conscience qu’elles ont du monde sont rares pour de si jeunes personnes. Cette création interprétée en langue dari et surtitrée en français s’appuie sur la tragédie antique. En portant les voix de tous les personnages, les actrices viennent faire entendre leur intransigeance, leur souffrance, leur amour, leur humanité si complexe. Sous leurs pieds, un plateau recouvert d’eau ; au-dessus d’elles, une Lune immense, comme un œil spectaculaire suspendu.