En 1978 à Avignon, Antoine Vitez s’entourait d’une troupe de jeunes acteurs d’à peine vingt ans. En vingt actes, il adaptait quatre pièces majeures de Molière. Sous-titré « La Torture par les femmes ou le triomphe de l’athéisme », le parcours de L’École des femmes, de Dom Juan, de Tartuffe et du Misanthrope marquait un tournant décisif dans le rapport au répertoire classique. Vitez ne considérait pas pour autant ce geste théâtral comme du dépoussiérage : le travail consistait surtout à souligner les fractures du temps.
Quarante ans plus tard, Gwenaël Morin reproduit l’expérience. Sur un plateau nu, il s’entoure de jeunes acteurs issus du Conservatoire régional de Lyon. Avec des rôles distribués au hasard, par tirage au sort, comédiens et comédiennes jouent souvent des rôles de l’autre sexe. Ici, la vedette est avant tout le texte, déclamé avec une force. Molière, Vitez et aujourd’hui Morin déploient la même énergie pour révéler le comique, le cynisme et la gravité de leurs époques. Données individuellement chaque soir, ces pièces seront présentées au cours d’un marathon final de sept heures le dimanche 23 avril.