Je suis, depuis des mois, travaillé par une question lancinante, qui revient
cogner en moi comme une migraine, récurrente, familière. Pourquoi de jeunes hommes et jeunes femmes, nés dans mon pays, issus de ma culture, dont les appartenances semblent recouvrir les miennes, décident-ils de partir dans un pays en guerre, et pour certains de tuer au nom d’un Dieu qui est aussi le mien ?
Cette question violente a pris une dimension nouvelle le soir du 13 novembre 2015, quand cette évidence effrayante m’a déchiré intérieurement : une partie de moi venait de s’en prendre à une autre partie de moi, d’y semer la mort et la douleur.
Comment vivre avec cette déchirure ? Ainsi a pris forme, peu à peu, ce dialogue épistolaire entre un père philosophe et sa fille partie faire le djihad… Ce dialogue impossible, difficile, je l’ai imaginé.
Rachid Benzine