Parce qu’elle s’est éprise du tzigane Manru, la jeune Ulana est répudiée par son père et rejetée par son village. Mais l’amour d’Ulana et Manru devra faire face à bien d’autres embûches : il devra résister à l’appel de la vie nomade qui est plus fort que tout et qui menace leur quiétude familiale… Cette histoire d’amour impossible et universelle, entre deux êtres issus de communautés hostiles, vaut parfois à Manru d’être qualifié de “Carmen polonais”.
Son compositeur Ignacy Jan Paderewski a connu un destin exceptionnel : virtuose comptant parmi les plus grands pianistes de son temps, il s’est installé un temps aux États-Unis avant de revenir en Pologne à l’issue de la Première Guerre mondiale, prenant la tête du gouvernement dans un pays en pleine reconstruction.
Manru, son unique opéra, fut créé à Dresde en 1901 avant que, l’année suivante, le Metropolitan Opera ne lui ouvre à New York les portes d’une reconnaissance internationale. En dehors de la Pologne, l’œuvre a par la suite connu une longue éclipse des plus injustes, avant de revenir lentement mais sûrement dans les programmations lyriques.
Cette nouvelle production – coproduite par l’Opéra de Halle – présente, pour la première fois depuis 120 ans, l’œuvre en allemand, la langue originale de sa création. La jeune metteuse en scène Katharina Kastening voit dans Manru un drame d’une lucidité impitoyable sur l’échec des utopies et la fin des grandes idées romantiques dans une société en proie à la haine. Elle pose la question, hélas brûlante d’actualité, des origines de la haine entre les peuples.